mercredi 3 février 2010

7.4x10.4


On aurait pu croire qu'il suffisait d'être vivant pour exister, comme pour tous, pouvoir aller et venir entre pays, culture et famille.
Mais le problème est que bien souvent les chances ne sont pas les mêmes pour tous.
Comment ne pas vouloir fuir les guerres quand elles sont leurs voisines. On ne peut s'habituer à manger en tête à tête avec la misère créée par la cupidité de quelques hommes. Ceux-ci étant plus intéressés par leur bourse que par le bonheur de ceux qui les entourent et qui ont cru trop souvent en leurs promesses. On ne peut pas regarder la télé faire son profit sur leurs problèmes, tout en s’abreuvant du rêve occidental.
Alors ils prennent la route pour la France, ce pays dont leur aïeux leur parlaient avec fierté, là ou l'on peut travailler pour la famille et le village. Car pour chaque euro gagné une partie est renvoyée au pays pour construire les écoles, les hôpitaux, les marchés, les mosquées, les églises ainsi que les maisons de leurs familles. Mais ces héros clandestins sont contraints de vivre dans une ombre de 7,4x10,5 cm : taille d'une carte d'identité, si petite à l'échelle d'un pays, mais véritable muraille face au bonheur.

Il reste une solution : la lutte, sans haine, sans violence, se regrouper et prouver encore une fois que le nombre fait la force. Armés de leur seule patience et d'une détermination à toute épreuve, ils sont 1500 travailleurs sans papiers à occuper la Bourse du Travail de la rue Charlot en 2009. Malgré les coups bas que leur ont fait subir certains syndicats afin de les faire partir, ils ont résisté une année entière et ils seraient encore là bas. Mais les gros bras de la CGT ont finalement décidé d'en venir au clash. Armés de bombes lacrymogènes et de bâtons ils ont fait irruption début juin 2009, pour virer les quelques femmes et enfants restés sur place, envoyant 10 personnes à l'hôpital. La plupart des hommes étaient absents car ils étaient partis manifester pour leur cause.

Mais c'était mal connaitre ces gens, eux qui ont traversé les mers et qui connaissent la signification du mot lutte. Face à la bêtise et à l'indifférence générale , ils ont répondu par une leçon de courage en décidant de prendre le trottoir de la bourse comme nouveau terrain de lutte. Et c’est sous l'œil des CRS que 1300 personnes ce sont installées là avec le peu d'affaires qu'ils avaient eu le temps de prendre lors de la descente de la CGT.

Ce trottoir devant d'un coup une vitrine à ciel ouvert de la politique occidentale envers les pays pauvres.

Le jour où notre armée se pavanait sur les Champs Elysées, le gouvernement leur faisait une proposition orale « 300 sans papiers verront leur dossier relu avec bienveillance » à la seule condition qu'ils quittent le trottoir au plus vite. Comme prévu, le groupe se scinda en deux parties : une centaine sont restés sur le trottoir et les autres sont partis occuper les anciennes archives de la Sécurité Sociale, rue Baudelique dans le 18ème.

La solidarité est un aimant. Les 1100 hommes, femmes, enfants regroupés là bas, se virent bien vite rejoints par d'autres naufragés administratifs de toutes origines confondues, Mali, Sénégal, Sierra Leone, Turquie, Kurdistan, Algérie, Maroc. Tous ces hommes se sont rassemblés pour un même objectif : avoir le libre arbitre de leur vie

FV

lundi 16 février 2009

Désolé Bob, Peter, Dennis et tous les autres…








Samedi dernier, rue Charlot, était organisé par la Coordination 75 (CSP 75),un concert de reggae gratuit afin de sensibiliser la population sur la situation des sans papiers.Bien que l’occupation du lieu, appartenant aux syndicats, dure depuis maintenant dix mois et qui demeure le problème le plus important,c’est un tout autre événement qui a retenu notre attention et méritait un coup de gueule. A travers lui, nous allons encore pouvoir témoigner que l’hypocrisie touche tout le monde.
Rappelons juste que le respect de la parole donnée et tenir ses engagements sont quelques preuves de la générosité des hommes et de leurs valeurs. Et généralement les artistes, quand ils sont sollicités, en sont le meilleur exemple.

Samedi l'occasion était donnée d'écouter toute la nuit Prince Jah and the Prophets: « Rastaman » et avant tout artiste conscient du monde qui l’entoure et sensible aux appels aux soutiens. Le partenaire parfait pour une cause telle que celle de la coordination. Et quoi de plus noble pour un artiste que de défendre une cause aussi humaine!
Soutiens et sympathisants étaient présents au rendez-vous.
Unité, combat en faveur des mêmes droits, les fondamentaux de la musique et du reggae finalement ! Où quand les mots et la musique se rejoignent pour lutter afin de parvenir à la reconnaissance et ainsi Exister.

Mais que dire de cet artiste! Lui qui était venu jouer gratuitement demandait maintenant 1200€ pour la soirée. Autant il est dur d’écrire une chanson, de composer une musique mais pour demander 1200 € là c’est plus simple ! Abuser de la confiance des organisateurs qui cherchent des soutiens à leur cause ! Il existe bien des qualificatifs pour définir ce comportement.
Libre à vous de mettre les mots qui vous plaisent !

Preuve est faite que l’esprit de la musique peut une nouvelle fois être perverti par un soi disant artiste. Pour notre homme, c’est la culture rastafari qu’il bafoue en prenant le nom de Jah (dieu des rastas pour simplifier). Et ce sont des hommes comme nous qu’il dédaigne au profit de l’argent.

Bien triste épisode de la réalité humaine qui nous rappelle qu’il faut s’unir pour lutter contre l’ignorance et l'hypocrisie des pseudos bons samaritains, plus avides de se donner une image de bienfaiteur que de s'investir pleinement même le temps d'une soirée. .

Pour conclure sur une note plus légère et musicale citons Horace Andy, que doit connaître notre chanteur sans parole, qui dit « Dread have no style, dread have no fashion ». En clair, ce ne sont pas les vêtements, la couleur de peau et les paroles qui nous définissent en tant qu'humain mais ce que nous avons dans le cœur et dans l’esprit.

A.Juba Rouzic

jeudi 25 septembre 2008

L'attente





L'histoire de naufragé administratifs


Alors que TF1 a transformé la rue Charlot en ses nouveaux jeux du cirque, en y enfermant quelques minots pré pubères en manque d'originalité.
Des familles jouent un autre jeu, celui qui consiste à rester en France. Résidents depuis 10,15 ans et plus, respectent nos lois à la lettre, face a un gouvernement qui ne joue pas le jeu.
Pourquoi des hommes et femmes qui travaillent payent des impôts, ont des enfants scolarisés, doivent vivre avec une épée Damoclès, au dessus de leur avenir.
Leur droit a la liberté se limite à la bourse du travail, et au bon vouloir de nos bureaucrates.
Pour eux pas de repêchage du public, juste le choix du ministère.

Ils sont plus 500 à vivre depuis le mois de Mai à la bourse du travail (75 rue Charlot). Dormant sur des matelas à même le sol, les couloirs sont devenus leurs chambres à coucher, leurs bureaux, leurs maisons.
Il ne sont pas chez nous par plaisir mais par nécessité, car qui pourrait vivre dans un pays ou tous vos espoirs de bonheur risque de voler en éclat au moindre contrôle de police, et avant de dire ouf , vous voila dans un charter direction le pays. Mais ils doivent aider leurs famille restée la bas, et par ce fait, participent pleinement à la vie de notre pays.
Souvent le regard plongé dans les brumeux dossiers de l'archipel "Régularisation", avec un sentiment sur le visage qui semble dire "Bon la, on va en chier".
Toute une partie de leurs existence est mise sur pause, pendant l'étude de leurs dossiers, opération qui peut prendre des mois, des années.
Alors que faire en attendant une réponse, le travaille leur est refusé car si l'on veut respecter la loi, il faut être régularisé. Et vu que tous le monde sait qu'il n'y a pas 36 façons pour avoir de la thune, jusqu'à présent le travail reste une valeur sure. Alors ils prennent le risque de bosser au noir et de se faire renvoyer sans la moindre indemnités , ni Assedic.
Forcement ils n'ont pas les papiers!!!!, le passe partout de nos libertés, bien plus importante que le destin d'un homme. Comment peut on être fière d'un gouvernement qui fait passe la bureaucratie avant l'homme, et ose se passer des connaissances que leur culture peut nous enseigner.
La beauté de la France réside dans les différences que chaque communauté lui apporte, aussi bien aujourd'hui, que dans notre passé. Nos hommes politique ont tendance a oublier que nous étions bien heureux de les faire venir d'Afrique, afin de nous aidez sous les bombes, ainsi qu'à la renaissance de notre pays.

La seule chose positive qui sort de leur aventure, la solidarité venant des Parisiens, cours de Français, concerts, soirées cinéma et surtout des rencontres et un beau sourire d'amitié peut ce lire sur le visage des passants qui poussent la lourde porte de l'indifférence.

Franck Vibert